Bref aperçu de l'histoire et de l'oeuvre
de L'ASSOCIATION DES AMIS DU VIEUX HUÊ
par Philippe Papin, Membre Scientifique de l'EFEO
Documents de référence communiqués par la NAAVH
(Extraits de l'introduction du CD rom du BAVH)

 
   
 
 
 

De haut en bas
-Léopold Cadière
-S.A.R. Ton That Han
-Henri Cosserrat (Père)
-Léon Sogny
-S.A. Nguyen -Dinh Hoe
-Albert Sallet

 
 
     
  L'histoire de l'Association des Amis du Vieux Hué est intimement liée à celle du Père Léopold Cadière (1869-1955). Arrivé à Dà-Nãng en décembre 1892, celui-ci s'intéressa à l'histoire, la culture et la langue du Viêt Nam dont il devint un spécialiste très vite reconnu. Lorsqu'en 1898 fut créée la Mission Archéologique Permanente, embryon de l'Ecole Française d'Extrême-Orient (EFEO) née un an plus tard, le père Cadière rencontra Louis Finot -- le premier Directeur de l'Ecole -- dont il devint l'un des collaborateurs les plus fidèles. Mais, parallèlement à son œuvre scientifique écrite et aux nombreux articles qu'il a très tôt publiés, Cadière portait aussi un intérêt à la préservation et à la protection des monuments historiques qu'il voyait se dégrader devant ses yeux ; les recherches qu'il menait alors sur les résidences impériales de Huê lui avaient clairement révélé l'ampleur des destructions et des dégradations. Mettre un terme à ces dégradations devint un souci constant et constitua la clef de voûte de ce qu'il appelait lui-même son "œuvre extérieure". Telle que se la représentait Cadière, son action de savant était donc fondamentalement bifrons : une face tournée vers la production scientifique, érudite, écrite (" l'œuvre intérieure "), et l'autre face plus engagée dans son temps, plus administrative, plus monumentale et finalement plus axée sur les vestiges du patrimoine architectural vietnamien. L'activité de l'Association des Amis du Vieux Huê et les travaux publiés dans son légendaire Bulletin (BAVH) se situeront exactement à mi-chemin entre ces deux priorités : préservation des monuments d'une part et diffusion de la culture vietnamienne d'autre part. En 1910, le Père Cadière revint en France pour trois ans. A l'issue de son séjour, il est nommé aumônier de l'école Pélerin de Huê, école qui était autant un centre d'enseignement qu'un véritable musée ; c'est sans doute ici que l'idée de fonder une association vouée à la fois à l'étude et à la conservation prit sa forme définitive.
A Huê, Cadière établit des contacts avec une série de personnalités locales parmi lesquelles il convient de citer L. Aurousseau, pensionnaire de l'EFEO nommé en août 1913 précepteur de l'Empereur, le docteur Albert Sallet, savant et médecin des troupes coloniales  (dont Cadière dira qu'il fut la "cheville ouvrière de l'entreprise"), ou encore des hommes dont le rôle fut essentiel au Bulletin : Léon Sogny, inspecteur de la garde indigène, L. Dumoutier qui fut le premier Président de l'A.A.V.H., R. Orband, administrateur des services civils et délégué auprès des Ministères de la Cour et qui facilita le contact avec la Cour Impériale. Un peu plus tard l'AAVH trouvera dans les personnes d'Henri Cosserat-père et Henri Cosserat-fils deux de ses acteurs principaux. Il faut insister sur la proximité entre l'Association et la Cour, entre les chercheurs français à l'origine du projet et les élites vietnamiennes très vite intéressées à son succès.
L'Association des Amis du Vieux Huê fut créée en novembre 1913. Dix-sept personnes assistèrent à la première réunion (16 novembre 1913) au cours de  laquelle Dumoutier fut élu Président, A. Sallet Premier secrétaire et Cadière, " étant donné son autorité scientifique et ses qualités en la matière ", Rédacteur du Bulletin, poste qu'il occupa pratiquement sans interruption jusqu'en 1944. L'Association se réunissait tous les mois dans une salle du Palais Tho-Viên, au cœur de la Citadelle, à quelques pas des bureaux des Ministères vietnamiens et des dépôts d'archives. Le Palais Tho-Vien était un ancien palais cultuel qui, en 1908, fut démonté pièce par pièce et transféré sur la place orientale du Palais Impérial afin d'en faire une bibliothèque.

Dix ans plus tard, l'Association fut dotée de sa propre salle de lecture et d'un embryon de musée qui posait les bases du futur Musée Khai-Dinh (richement illustré, le BAVH de 1929 constitue d'ailleurs le Guide de ce musée). La même année -- et le fait est révélateur de l'esprit des Amis du Vieux Huê -- la salle de réunion fut transformée et restaurée à la façon d'une riche demeure mandarinale "à l'ancienne".

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