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L'histoire
de l'Association des Amis du Vieux Hué est
intimement liée à celle du Père Léopold
Cadière (1869-1955). Arrivé à Dà-Nãng en
décembre 1892, celui-ci s'intéressa à
l'histoire, la culture et la langue du Viêt Nam
dont il devint un spécialiste très vite
reconnu. Lorsqu'en 1898 fut créée la Mission
Archéologique Permanente, embryon de l'Ecole
Française d'Extrême-Orient (EFEO) née un
an plus tard, le père Cadière rencontra Louis
Finot -- le premier Directeur de l'Ecole -- dont
il devint l'un des collaborateurs les plus
fidèles. Mais, parallèlement à son uvre
scientifique écrite et aux nombreux articles
qu'il a très tôt publiés, Cadière portait
aussi un intérêt à la préservation et à
la protection des monuments historiques qu'il
voyait se dégrader devant ses yeux ; les
recherches qu'il menait alors sur les résidences
impériales de Huê lui avaient clairement
révélé l'ampleur des destructions et des
dégradations. Mettre un terme à ces
dégradations devint un souci constant et
constitua la clef de voûte de ce qu'il appelait
lui-même son "uvre
extérieure". Telle que se la
représentait Cadière, son action de savant
était donc fondamentalement bifrons : une
face tournée vers la production scientifique,
érudite, écrite ("
l'uvre intérieure "),
et l'autre face plus engagée dans son temps,
plus administrative, plus monumentale et
finalement plus axée sur les vestiges du patrimoine
architectural vietnamien. L'activité de
l'Association des Amis du Vieux Huê et les
travaux publiés dans son légendaire Bulletin
(BAVH) se situeront exactement à mi-chemin
entre ces deux priorités : préservation des
monuments d'une part et diffusion de la culture
vietnamienne d'autre part. En 1910, le Père
Cadière revint en France pour trois ans. A
l'issue de son séjour, il est nommé aumônier
de l'école Pélerin de Huê, école qui
était autant un centre d'enseignement qu'un
véritable musée ; c'est sans doute ici que
l'idée de fonder une association vouée à la
fois à l'étude et à la conservation prit sa
forme définitive.
A Huê, Cadière établit des contacts avec une
série de personnalités locales parmi lesquelles
il convient de citer L. Aurousseau,
pensionnaire de l'EFEO nommé en août 1913
précepteur de l'Empereur, le docteur Albert
Sallet, savant et médecin des troupes
coloniales (dont Cadière dira qu'il fut la
"cheville ouvrière de l'entreprise"),
ou encore des hommes dont le rôle fut essentiel
au Bulletin : Léon Sogny, inspecteur de
la garde indigène, L. Dumoutier qui fut
le premier Président de l'A.A.V.H., R. Orband,
administrateur des services civils et délégué
auprès des Ministères de la Cour et qui
facilita le contact avec la Cour Impériale. Un
peu plus tard l'AAVH trouvera dans les personnes
d'Henri Cosserat-père et Henri
Cosserat-fils deux de ses acteurs principaux.
Il faut insister sur la proximité entre
l'Association et la Cour, entre les chercheurs
français à l'origine du projet et les élites
vietnamiennes très vite intéressées à son
succès.
L'Association des Amis du Vieux Huê fut
créée en novembre 1913. Dix-sept personnes
assistèrent à la première réunion (16
novembre 1913) au cours de laquelle
Dumoutier fut élu Président, A. Sallet Premier
secrétaire et Cadière, " étant donné
son autorité scientifique et ses qualités en la
matière ", Rédacteur du Bulletin,
poste qu'il occupa pratiquement sans interruption
jusqu'en 1944. L'Association se réunissait tous
les mois dans une salle du Palais Tho-Viên,
au cur de la Citadelle, à quelques pas des
bureaux des Ministères vietnamiens et des dépôts
d'archives. Le Palais Tho-Vien était un ancien
palais cultuel qui, en 1908, fut démonté pièce
par pièce et transféré sur la place orientale
du Palais Impérial afin d'en faire une
bibliothèque.
Dix ans plus tard,
l'Association fut dotée de sa propre salle de
lecture et d'un embryon de musée qui posait
les bases du futur Musée Khai-Dinh (richement
illustré, le BAVH de 1929 constitue d'ailleurs
le Guide de ce musée). La même année -- et le
fait est révélateur de l'esprit des Amis du
Vieux Huê -- la salle de réunion fut
transformée et restaurée à la façon d'une
riche demeure mandarinale "à
l'ancienne".
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